Ce qui frappe en premier, à la lecture de Grand-peur et misère du IIIème Reich, c'est sa force, sa forme et son intense charge émotionnelle. Tout se passe dans les années 30 sous le nazisme. C’est une suite de tableaux qui montre le quotidien des gens sous un régime fasciste, on y croise tous les échelons de la société, tous les métiers, les gens chez eux en couple, en famille, en amitié. C'est une grande fresque montrant les répercussions du fascisme et du régime de la peur qui s'immiscent dans la vie des gens, dans le quotidien. Comment et par où le fascisme va-t-il s’introduire ? C’est bouleversant, ça sonne comme une mise en garde pour nos sociétés. Le travail que Julie Duclos mènera avec sa troupe d'acteurs mettra en lumière les situations dans toute leur pureté. Le grand sujet - présent dans tout son travail - c’est l’invisible : avec le fascisme on entre dans une ère où tout est interprétation, supposition, on a peur de l’autre, on interprète ce qu’il dit ou semble vouloir de nous, la question du mensonge et de la vérité devient centrale. D’ordinaire, avoir l’air vrai est plutôt une question d’acteur. Dans un régime d’oppression, c’est l’humain qui se pose sans cesse la question de sa vérité ou de son mensonge. Comment faire entendre la pièce dans toute sa contemporanéité, et non comme un simple témoignage du passé ?