Drôle de diptyque, dira-t-on, que celui formé par ces deux comédies écrites à plus d’un siècle d’écart. Quoi de commun entre Labiche et Viripaev ? Les vertiges fantasques de la suspicion. Deux enquêtes hallucinées et menées tambour battant. Le fait divers comme point de départ, pour ces comédies de la débâcle humaine, qui disent nos fêlures, taclent nos vanités. Frédéric Bélier-Garcia propose de mettre en friction ces deux écritures pour mener le vaudeville et le mystère à leur comble d’absurdité jouant des courts-circuits permanents jusqu’à toucher à une forme de mécanique quantique de la paranoïa. Qu’il soit question d’un lendemain de beuverie amnésiante avec Lourcine, « Il y a une lacune dans mon existence », avoue Lenglumé ou, des tourments de la paranoïa jalouse avec Les Guêpes, nous sommes inéluctablement renvoyés à nos intimes folies ou à la déraison du. À chaque défaillance, son rire. Sans pitié chez Labiche, on en oublierait presque la cruauté du sujet. Inquiétant chez Viripaev, la comédie de salon glisse sans transition vers la tragédie métaphysique, la tartuferie y est aussi vertigineuse que spirituelle.