En 1969, Carole Roussopoulos vient d’acquérir le deuxième exemplaire d’une nouvelle caméra vidéo portative, la Portapak de Sony (le cinéaste Jean-Luc Godard l’avait précédée de peu). En 1974, elle donne, pour « arrondir ses fins de mois », des stages de formation à l’utilisation de ce nouvel outil léger et prometteur. « Inculte comme j’étais, se souvenait en 2007 Roussopoulos, je ne savais pas qui était cette Delphine Seyrig inscrite sur la liste des participants ».
Delphine et Carole, c’est l’histoire d’une rencontre de deux femmes qui découvrent, à travers l’utilisation de la vidéo, leur moyen d’expression subversif pour faire entendre la voix de celles à qui on ne donne pas la parole, et se battre pour leur liberté et indépendance. Comme le dit Carole : « Dans tous les groupes vidéos, les femmes ont eus une place très importante. Moi mon analyse, c’est que comme il n’y avait pas d’école, et pas de passé et pas d’histoire, les hommes ne s’en était pas emparés. C’était un média vierge finalement sur lequel les hommes n’avaient pas encore mis leur pattes et leur pouvoir. »
Une table de montage, un moniteur, des panneaux qu’elles confectionnent, tout cela reste très artisanal, mais permet une liberté, une impertinence, un terrain de jeu dont elles s’emparent avec une très grande inventivité et créativité. Leur histoire fait l’objet d’un documentaire de Callisto Mc Nulty, (co-écrit par elle-même, Alexandra Roussopoulos et Géronimo Roussopoulos) intitulé Delphine et Carole « Insoumuses», et ce documentaire a étéle point de départ de ce projet.