Benjamin a grandi dans un village du midi, berceau d’Alphonse Daudet. Une terre provençale, latine, violente, truculente. Une terre de corrida. Trivial et sacré s’y mêlent en permanence. Toute sa famille y vit encore, et ils parlent tous comme des personnages de Pagnol. Sauf lui.
Impossible de déceler la moindre intonation méridionale, le moindre mot hérité du patois roman de ses ancêtres. Il a changé d’accent. Il « parle pointu ». C’est-à-dire avec l’accent du pouvoir. Parler pointu est une expression que les méridionaux utilisent pour désigner l'accent de ceux qui vivent au-dessus de Valence, jusqu'à Lille. Parler Pointu raconte l’abandon progessif des parlers régionaux et des accents, et ce que cette perte revêt à la fois d'intime et de politique. Dans cette épopée historique et familiale, Benjamin Tholozan incarne avec fougue, joie et précision les personnages qui ont fait du français et de l’accent tourangeau, le seul parler légitime encore aujourd’hui.