"Pour un temps sois peu" est une histoire de femme trans par le détail ; les détails invisibles, ceux auxquels on préfère habituellement les repas de famille houleux et les histoires d’amour ou le.a conjoint.e magnanime décide de rester près de sa trans malgréles tempêtes. Au milieu de tout ça, y’a les détails, le questionnement qu’impose àla société, le parcours trans, son rapport au féminisme, sa presque impossibilité de fuir la binarité. Les micro agressions, les macro agressions. L’importance capitale du rouge à lèvre, les chirurgies faciales qui projettent une étrangère dans le miroir, la difficulté d’aimer et de choisir ses amours dans un monde à la sexualité hétéronormée ; le courage que cela implique, la lâcheté que cela implique. Et finalement le choix le plus évident, celui d’essayer d’être la femme complète, parfaite, celle qu’on ne voit pas, celle qui n’est plus trans, celle qui est hétéro et qui ne remet plus rien en question pour qu’on ne la remette pas en question. L’important c’est d’accepter d’être peu et de se convaincre que l’on est beaucoup pour ne surtout pas réaliser que l’on est peut-être plus rien.” Laurène Marx.
Ce spectacle s'inscrit dans le cadre d'une série de portraits de femmes mis en scène par Lena Paugam. ici, elle dirige la comédienne Hélène Rencurel sur un texte autobiographique que lui a confié l'autrice Laurène Marx. A travers le récit du parcours d’une femme trans, elle se confronte à l’idée de féminité. Avec sensibilité et non sans violence, avec la crudité de détails concrets qu’on omet souvent, l'autrice présente ce monologue comme un acte militant. Son écriture vive, tendue, présente un témoignage saisissant sur les conséquences tout à la fois intimes et sociales d’une transition hormonale et médicale.