C’est en Alsace que cela se passe, au bord d’une forêt de sapins embrumés et habités par les fantômes de la vie d’Olga… En un coup de fil, Véra apprend d’un même coup l’existence et la mort d’une grand-mère qu’on lui a cachée toute sa vie. Elle accompagne sa mère sur les lieux de la dispersion des cendres, en Alsace, à la lisière d’une forêt de sapins. Mais les fantômes qui peuplent cette forêt croient reconnaître en elle la défunte, cette femme qu’ils ont aimée, désirée, et attendue jusque dans leur mort. Ils amènent alors Véra à retraverser l’histoire en rejouant elle-même la vie de cette grand-mère inconnue. Un parcours où désir et temps dialoguent, s’affrontent et tentent de se dissocier pour suivre une quête insatiable de liberté.
« Je suis partie de l’histoire de ma grand-mère qui n’a jamais regretté son incorporation de force dans le Reich allemand parce qu’elle y a trouvé un échappatoire à la violence familiale. Après la guerre, elle s’est mariée avec mon grand-père juif, sans que ce passé ne semble préoccuper l’un ou l’autre, comme chacun trouvait dans le couple un refuge pour ne pas appartenir à la grande histoire. A partir d’eux ainsi que des récits que j’ai collectés, j’ai eu envie de déployer le parcours devenu fictif d’une femme, de son désir sexuel comme de sa quête de liberté, dans la grande histoire. D’interroger la manière dont la politique s’immisce dans l’intime quelque soit la conscience qu’on en a. Et de raconter comment cette tension entre l’intime et le politique se transmet de génération et génération et précisément ici, de mère en fille. »
Charlotte Lagrange