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 Gulliver est une adaptation du Voyage à Lilliput, première partie du roman Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift.

Le spectacle propose une écriture de plateau librement inspirée du roman de Swift au coeur d’un dispositif tout particulier : un dispositif d'observation. Tout autour d’une boîte, les spectateurs font l’expérience de la représentation à travers une lucarne et écoutent au moyen d'un casque. Observer sans être vu n'est-t-il d’ailleurs pas avant tout un plaisir enfantin ?

S’y ajoute un tout autre défi: celui d’interroger la subjectivité du regard à partir de questions d’échelles. Grâce à un travail scénographique et sonore tout particulier de spatialisation, Gulliver invite le spectateur à la question suivante : comment, à la manière du navigateur Lemuel Gulliver, appréhende-t-on une situation de guerre selon que l'on soit lilliputien parmi les géants ou géant chez les lilliputiens ?

Ecrit en 1721, Voyage à Lilliput raconte le premier des quatre voyages du navigateur, auteur et médecin Lemuel Gulliver, qui, suite à un naufrage, se retrouve sur une île inconnue, dont il va observer le système politique et les habitants. Ce voyage débute par la célèbre scène où Gulliver, ficelé par une armada de Lilliputiens, se retrouve cloué au sol. Après bien des aventures en terre Lilliputienne, Gulliver est mêlé contre son gré à une guerre absurde divisant le peuple de Lilliput en deux fratries adverses : les gros-boutistes et les petits-boutistes. Tout cela à cause d'un roi qui a cru bon d'imposer le sens par lequel doit être cassé l'oeuf à la coque !

La pièce commence le jour où Gulliver rentre chez lui d’un long voyage et raconte son périple : où est le mensonge, la folie, la démence ? Que produit un tel récit sur une structure familiale ? Puis très vite, du monde naturaliste, le spectateur se voit transporté, à la manière d'un flash-back cinématographique, en plein coeur de Lilliput : grâce à un système de poulie, le plafond devient terre lilliputienne peuplée d'une centaine de figurines rendues vivantes par leurs voix et déplacements.

En donnant corps à aux « allégations » de Gulliver, le spectacle bascule sans cesse du huis clos au monde du rêve. C'est dans la confrontation entre entre ces deux mondes (le monde fini du huis clos et le monde infini du rêve) que se situe cette expérience artistique. Mentir, n'est ce pas déjà un peu rêver et rêver n'est ce pas déjà un peu mentir ?

Pièce de chambre 

Dans Qu'est-ce que l’acte de création ?  Gilles Deleuze soutient que « ce que le théâtre a à apprendre du cinéma tient principalement de la dissociation entre ce qui est vu et ce qui est entendu ».

Ainsi nait le projet « Pièces de chambre », une série de pièces qui partageraient la même interrogation : celle de saisir comment un vocabulaire propre au cinéma (montage, cadrage, hors champs...) peut être utilisé, voire subverti, par le théâtre. Faire de l’influence du 7ème art et des nouvelles avancées techniques un médium passionnant pour réinventer les modes de représentation des textes dramatiques à la scène.

C'est tout un dispositif qui a été créé : à l'intérieur d'une structure, des acteurs évoluent dans un espace clos tandis que les spectateurs, placés à l’extérieur, les observent à travers des vitres sans tain et les écoutent grâce à des casques. À travers ce procédé qu'est la spatialisation par écoute binaurale, nous travaillons à donner vie à un espace défini (le huis clos) mais également à révéler d'autres espaces – infinis (espace mental, espace de projection, ...).

Au moyen de ce dispositif immersif, c'est bien la place du spectateur qui tend à être repensée : si la radicalisation de celle-ci était avant tout celle de l’effroi dans la pièce de Sarah Kane (Blasted – pièce de chambre n°1  / création 2013) elle devient celle du plaisir enfantin face à la chambre des rêves inspirée par le roman de Jonathan Swift (Gulliver – pièce de chambre n°2  / création 2014). Mesure pour Mesure  de William Shakespeare, troisième et dernier volet du triptyque « Pièces de chambre » sera créé en janvier 2017 au Théâtre de Vidy-Lausanne.