Sous Influence est une création entre théâtre et danse urbaine qui s'inspire librement du cinéma de Cassavetes pour explorer la fragile frontière entre norme et représentation. Elle mène à une plongée sensorielle où les personnages croisent leurs doubles dansant du krump sous l'emprise d'un dispositif mobile qui devient enfermement.
Sous influence... Mais de quoi ? Le double-sens du titre indique clairement que le coeur du film se situe dans le rapport de Mabel à ce(ux.elles) qui l’entoure(nt) : en anglais « to be under the influence » veut dire être sous l’effet d’alcool - pourtant, hormis l’une des premières scènes, on ne la voit jamais s’enivrer. Ce à quoi Mabel s’expose, c’est d’abord assez radicalement à soi, à l’autre, à la société qui veille et au couple qui demeure. L’influence est d'un autre ordre : l’emprise des normes sociales et familiales qui imposent la manière dont on doit se tenir. La protagoniste est marginalisée par sa seule manière d’être et condamnée à flancher tandis que les autres savent demeurer droits. Et malgré son amour fou, Nick finit par céder, lui aussi, aux injonctions dominantes.
À quoi ressemble donc la singularité de cette femme qui se fera enfermer ? Comment elle en sort – et comment on en sort ? Et la terreur sourde qui mine parfois la vie lorsqu’on n’est pas conforme – mais à quoi ? Afin de donner à voir cette violence, la mise en scène rend tangible la frontière entre norme et représentation et restitue les ruptures propres au montage par le jeu des interprètes, tout en renversant la perspective du point de vue féminin.