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Nina Simone porte en elle 4 siècles d’histoire. Eunice Waymon de son vrai nom, enfant prodige née à Tryon en Caroline du Nord, star américaine devenue l’une des voix du mouvement afro-américain de lutte pour les droits civiques, elle est l’arrière arrière-petite-fille d’une Cherokee survivante du génocide des Amérindiens, mariée à un esclave noir Africain.
Comment la peur d’être détruit, parce que l’on est ce que l’on est, laisse dans les corps et les esprits de ceux qui la subissent des cicatrices indélébiles, et qui se transmettent, génération après génération ? Européens, Occidentaux, nous sommes aussi les héritiers de ces blessures, infligées ou subies. Victimes et bourreaux, nos histoires sont le fruit des bouleversements provoqués par le développement des empires qui deviendront plus tard l’Europe, sur les terres habitées des Amériques à partir du XVe siècle. Alors comment faire récit commun ? Quelle légitimité pour ce faire ?
Le silence et la peur raconte la vie de Nina Simone. Une vie qui permet d’évoquer tant le récit de la conquête meurtrière du « Nouveau Continent » qu’une partie de l’histoire des Afro-Américains, dont les tragiques destinées sont étroitement liés à la conquête du « Nouveau Monde ».
A travers elle, il s’agit ici de tenter de faire communauté, et de faire se rencontrer les protagonistes héritiers de deux histoires aux conséquences bien différentes pour tenter de construire, au-delà des blessures laissées par nos aïeux, un lieu commun.
Au-delà de sa musique, nous racontons la musicienne, la façon dont se sont nouées ses relations amoureuses, la façon dont les pères transmettent leurs héritages, et la manière dont les évènements tragiques poussent à créer. Et enfin, de ce que la fragmentation d’une identité produit.
À l’heure où les questions d’appropriation culturelle deviennent un enjeu important pour les artistes de théâtre comme de cinéma, nous construisons une équipe mixte afro-américaine et française. Pas tant pour légitimer une démarche que pour prendre connaissance. Parce que nous aurons beau étudier toute l’histoire de Nina Simone et l’histoire afro-américaine, il nous restera toujours une part d’inconnu : celui de l’expérience. Et c’est cet inconnu que nous voulons rencontrer pour faire récit commun. Pas tant pour le dévoiler que pour le rendre présent.

David Geselson

Extrait 

Muriel : A l’école on l’appelait Niña, petite fille. 
Et un jour Edney, son amoureux, l’avait emmené au cinéma voire un film avec Simone Signoret, Casque d’or. 
Alors en souvenir de son enfance et de son amour perdu pour Edney elle décide de s’appeler : Niña Simone, petite Simone. 
 
Elle arrive au bar, demande un verre de lait pour avoir de quoi boire entre les sets. Et elle joue. Toute la nuit. 
Au petit matin Harry, le patron du bar refuse de la payer parce qu’elle n’a pas chanté, ni même parlé. 
Elle n’a fait que jouer du piano. 
On est en juin 1954. 
Voilà.

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Little Simone: I don’t give a shit about the dates. 
I don’t give a shit about the dates you hear me? Open up, up there.
Andy: What are you doing?
Little Simone: I’m gonna kill one, I don’t give a shit. Open up.
Andy:
 You’re not going to kill anyone, you’re going to stay right here and wait for it to pass, Ok
Little Simone: Will you please open up.
John: Honey
Little Simone: If you don’t give me the key to upstairs, I’m gonna take the knives in the kitchen.
Andy: And what are you going to do with them? You gonna go down to Birmingham with your Mercedes convertible and a knife in your hand and say hi there I came to slit the throats of the Klansmen who killed those little girls in the Church?
Little Simone: It’s not a bombing, it’s war: it’s called an act of war. 
What are you going to do if there’s war? You gonna manage some tours and get some grand pianos tuned? I’m taking up arms. And I’m defending my kids. 
What if it had been Lisa in the Church? What would you have done? Wait for it to pass? I don’t want my daughter to have to go through that one day.
John: And you think you’re going to go to war with your kitchen knife? 
Little Simone: Don’t start with your bullshit theories. You spent your life telling me to be awake and attentive to my people’s needs, you spent your life telling me to do what I believed in so my people would be proud and free, and guess what: I’m awake
now. The blast from the explosion came all the way to me, and I’m not going to let it die down and wait for it to pass. 
What do you want to do? Wait for the cops to find the guys who planted the bomb? The guys who planted the bomb are right outside, all around us, go out in the street, you’ll find fifty of them. 
How long are you
going to spend waiting and turning the other cheek? Do you believe in love? Fine. Believe in love, Papa. Me, I believe in fighting. 
And when a dog attacks me, I don’t patiently wait for the rest of the pack to show up and eat me alive.

To Andy.

Open it. 
Open it.
Give me the key. 
Get out of the way. Get out of the way. Let me by. LET ME BY.

Andy won’t let her by.